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prosodies. C’est lui certainement qui influença dans ce sens la manière de Verlaine, n’ayant guère l’envie de rien tenter lui-même, lâchant au hasard quelque strophe de complainte et d’à vau-l’eau.

Par délicatesse
J’ai perdu ma vie
........
Elle est retrouvée,
Quoi ? l’éternité,
C’est la mer allée
Avec le soleil.

N’est-ce pas tout à fait la prochaine manière de Verlaine, qui va suivre ? On peut, presque matériellement, indiquer le moment où celui-ci reçoit cet affluent, en demeure coloré d’une teinte nouvelle et déborde de ses rive» initiales. Sa prosodie se distend à mesure. Point de rimes déjà. Des singuliers et des pluriels rimant entre eux, des masculins et des féminins, souvent de simples assonances comme dans les rondes enfantines et les noëls populaires ; parfois des vers avec nulle rime approchante qui y corresponde, se mélancolisant au milieu d’une strophe, sans aucun écho. Or tout cela n’est pas livré au hasard, mais calculé, arrangé, dosé avec ce sens et ce goût d’artiste parfait que fut toujours Verlaine. Si conscient qu’il alla jusqu’à tirer, de ses licences, des sortes de règles, un Art