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même fièvre, le même émoi physique que s’ils les avaient prononcées.

En regards de ces œuvres qui correspondent au goût insatisfait de l’action, il y a de grandes épopées conformes au rêve : les Xipéhuz, la Légende sceptique au seuil de laquelle les Rosny donnent pour ainsi dire leur propre définition : « Luc vivait dans un rêve du xxe siècle », point d’intersection où peut-être l’action aura rejoint le rêve et où l’écrivain ne sera plus, comme aujourd’hui, la moitié d’une âme qui aspire à l’action en lutte contre la moitié d’une âme qui aspire au rêve !

Quoi qu’il en soit, tous les livres des Rosny ont aussi cette marque des grands écrivains : un style personnel. Leur manière est tout de suite reconnaissable par les tours, la couleur, par le vocabulaire surtout, qui est vaste, inépuisable, imprévu, souvent technique et scientifique. Ceci constituait précisément son élément de nouveauté : des termes de physique, de chimie, de botanique, d’anthropologie, fournissant des images inédites, des facettes troubles et inquiétantes. On s’étonna de ce style qui se parait de lueurs inconnues, se compliquait… L’auteur avouait de lui-même dans son Termite : « Il