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STÉPHANE MALLARMÉ




Il faut souvent recourir à des éléments extérieurs : une maison, un portrait, un bibelot, pour reconstituer, élucider tout à fait la physionomie d’un grand homme, qu’il s’agisse d’un conquérant ou d’un poète. L’iconographie surtout est précieuse ici.

Est-ce que le Napoléon au Pont d’Arcole par Gros n’explique pas tout le jeune chef d’armée, piaffant de génie, ivre, de gloire, comme le Sacre par David précise l’ordonnateur qui classifie, discipline sa cour comme un code, se hausse aux pompes emphatiques d’un nouvel Empire romain ?

Or de Mallarmé nous avons aussi deux portraits significatifs, qui portent chacun la signature d’un maître. L’un, plus ancien, par Manet, qui nous montre le poète assez voisin de nous encore, les traits vivement arrêtés, une moustache drue coupant le visage méditatif, et l’embrouillamini d’une vaste chevelure. Quelque chose d’inquiet et d’inquiétant, le visage