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sur qui les années ne peuvent rien ! Et c’est ainsi qu’Edmond de Goncourt apparut jusqu’au bout, militant, inspiré, fécond, faisant jouer des pièces, poursuivant son Journal, entreprenant une vaste histoire de l’Art japonais commencée par Outamaro, Hokousaï et qui devait se poursuivre par l’étude d’autres peintres, de laqueurs, de sculpteurs, de brodeurs, de potiers. On aurait dit qu’il était dans le cas de cet Hokousaï lui-même, dont il avait publié la vie et qui, à un âge pareil, faisait encore de nouvelles conquêtes d’art, pénétrait dans le monde magique des oiseaux, des planètes, signant ses dessins : « Hokousaï, vieillard fou de dessin. » Edmond de Goncourt fut, lui, le vieillard fou de littérature jusqu’à cette heure suprême où la mort le réunit enfin à son frère Jules dans le même tombeau et aussi dans la même immortalité, cette vie sans date où ils se survivront — jumeaux de la gloire !