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flotte en buée, propage ses sourdines, unifie sa cendre morte, comme s’il était au dehors, la cendre des années envolée du cœur maternel !

Dans ce portrait d’une beauté sans date et qui porte déjà comme un air d’éternité, la patine anticipée des siècles, M. Whistler s’exprima avec une sincérité, une émotion, qui, du coup, le menèrent jusqu’à la grandeur, lui qu’on imaginait seulement compliqué, arrangeur de goût suprême, et d’un subtil dandysme d’art et d’esprit. Dandy, certes, il le fut toujours. Et par ses attitudes, son mépris du naturel, ses dédains, son esprit cruel, on ne sait quoi de théâtral et d’artificiel, il fait penser à Barbey-d’Aurevilly, exégète du dandysme. Il y fait penser aussi par sa combativité toujours en éveil. Ses démêlés furent mémorables. Il vécut en guerre contre Burne-Jones et les préraphaélites, dont l’art, à son avis, est trop littéraire, peu original, et ne fait que recommencer les primitifs. On sait aussi son procès contre Ruskin, l’illustre critique. De tout cela, est résulté un livre : Le doux art de se faire des ennemis édité avec un luxe unique et cette recherche esthétique que M. Whistler apporte à tout. Il y a là, entr’autres, le Ten o’clock causerie faite à Londres et à Oxford.

« Oui, nous observait-il, j’ai voulu, après que tout le monde avait dit ce qu’il pensait de cet