Page:Rodenbach - L’Élite, 1899.djvu/211

Cette page a été validée par deux contributeurs.

faudrait se mésallier avec la littérature moderne. Plus ces lieux communs de l’éloquence religieuse, séculaire et qui a l’air de parler une langue à soi. Une langue inanimée, presque une langue morte. Même les images font penser à ces fleurs de papier sous des globes de verre, en de surannés parloirs. Quant au P. Monsabré, il se fit une culture d’esprit toute moderne. Il avouait avoir lu Flaubert, M. Bourget, admirer M. Zola, aimer les poètes. Il leur dut de pouvoir traduire pour les fidèles la théologie et les démonstrations abstraites dans une langue qu’ils comprenaient enfin, capable de les émouvoir, où les mots vivent vraiment, ont un visage… Ce fut déjà ainsi au milieu du siècle, lors du beau temps de l’éloquence religieuse, qui n’eût un tel renouveau que pour avoir marqué le pas avec la littérature — dont elle fait partie en somme.

Elle eût aussi son illumination romantique.

C’est Lacordaire dont le cœur piaffait de génie vers Dieu ; c’est Ravignan presque Lamartinien, tout d’onction et de saint-chrème, qui parlait de la bonté céleste de façon à arracher des larmes aux assistants sur leur ingratitude ; Lacordaire qui fut de la lumière ; Ravignan qui fut de la chaleur ; Lacordaire qui convoqua les âmes à Notre-Dame à coups de clairon et de tonnerre ; Ravignan qui sut les y retenir… Après eux, le