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LE P. MONSABRÉ




Les prédicateurs de haute envergure se font rares. L’éloquence religieuse subit une crise. Il y a un certain affadissement, une sourdine sur tous les violons de Dieu.

Certes le zèle ne fait pas défaut, mais c’est le génie qui manque. L’éloquence sacrée n’invente plus. Qui la rajeunira ? C’est un genre à renouveler, car dans le mouvement général de l’esprit moderne, elle s’attarde, s’immobilise en des redites, s’obstine dans l’archaïsme, redore les textes délabrés, continue à empailler la colombe du Saint-Esprit. On dirait maintenant un art d’hypogée. C’est bien de sculpter séculairement ce tombeau du Christ ; c’est mieux de bâtir une citadelle de Foi dans l’air du siècle.

Le P. Monsabré le comprit et y trouva, du coup, sa force et sa gloire. Oui ! il fallait prendre contact avec la vie. Il était temps de moderniser le sermon. Encore un peu ce genre oratoire s’épuisait. Il n’avait voulu s’allier qu’avec lui-même et il périssait d’un sang trop noble. Il lui