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BRIZEUX




Pour bien comprendre l’œuvre de Brizeux, il faut voyager en Bretagne où partout on est hanté par son souvenir, lui qui a si bien dit sa race, qu’à chaque pas on retrouve un détail noté par lui et qu’on croit reconnaître au passage les héros de ses poèmes.

Cette jeune fille dans un coin du wagon, qui s’installe, avec sa coiffe blanche et son col tuyauté de Bannalec, avec sa peau de fruit, n’est-ce point la « brune fille du Scorff », n’est-ce point Marie elle-même qui va à la foire de Quimper acheter des rubans et des croix ? Nous lui parlons de Brizeux : oui ! elle le connaît. — C’est un poète, n’est-ce pas ? fait-elle en risquant d’un air timide ce mot qu’elle ne comprend pas bien, mais qui est vénéré dans le pays comme celui de quelqu’un de grand qui est mort il y a très longtemps, au temps de Merlin l’enchanteur, du roi Arthur et des menhirs devant lesquels on se signe dans la lande.

Et comme nous l’interrogions sur l’endroit