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C’est à mettre à côté des plus pathétiques et fulgurantes créations de Barbey d’Aurevilly, mais uniquement quant à la hauteur d’art. Car ce livre est d’une personnalité entière. M. Octave Mirbeau se trouva une voie bien à lui, une voie intermédiaire qui est loin de l’impassibilité souveraine d’un Flaubert, loin aussi de l’impartialité documentée de M. Zola ou des analyses psychologiques de M. Bourget. Ce romancier-ci exprimera une conception qui lui est propre : la vie frénétique. C’est sa marque, son frisson, pour ainsi dire, ce même frisson tourmenté qu’on trouve aussi dans les sculptures de M. Rodin, qu’il n’a si bien et si souvent loué que parce qu’il sentait leurs arts parallèles. Et on y pense surtout à propos de l’abbé Jules qu’on voit une figure tragique, aux modelés puissants, une gargouille retenue à mi-corps dans la pierre irrévocable de l’Église et dont la face grimace et ricane à l’Univers entier qui ne pouvait pas le comprendre. Qu’est-ce qu’il voulait ? Lui-même l’a dit entre des péchés et des colères : « J’ai des pensées, des aspirations qui ne demandent qu’à prendre des ailes et à s’envoler, loin, loin… Me battre, chanter, conquérir des peuples enfants à la foi chrétienne… je ne sais pas… mais curé de village ! »

Peut-être qu’il ne se vautre dans l’ordure, les vices immondes, la grossièreté, le mépris des