Page:Rodenbach - L’Élite, 1899.djvu/135

Cette page a été validée par deux contributeurs.

choses : M. Huysmans habite depuis longtemps un calme logis de la rue de Sèvres faisant partie d’un ancien couvent de Prémontrés aux toits de tuiles fanées, comme s’il avait fallu d’abord que cette âme fut investie en silence, cernée par tout ce qu’il y a de foi, d’encens induré, de prières survécues dans les vieilles pierres qui furent une abbaye.

Dans le cas où la crise religieuse que En Route raconte lui serait personnelle, on peut dire que l’écrivain s’en est venu de loin vers Dieu. On connaît ses œuvres de début, osées, charnelles : En Ménage, les Sœurs Vatard, le Drageoir à épices. Littérairement, il fut, entre autres, un odorat à preuve ce nez busqué et embusqué sur son profil maigre, un nez de proie, un nez qui lui donne une tête d’oiseau de proie, de grand vautour chauve. Or, il aima l’odeur du péché, nota les relents coupables de la femme, tout ce qui monte, faisandé et blet, de la grande ville. Car le péché est surtout odeur. Éprouva-t-il une sensualité nouvelle à subodorer la senteur maladive des églises : nappes d’autel défraîchies, encens fane et cires — mortes de se pleurer ?

Déjà dans À Rebours on pouvait prévoir la