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M. J. K. HUYSMANS




M. Huysmans qui, à ses débuts, collabora aux Soirées de Médan, eut l’air d’acquiescer à la manière naturaliste, n’y trouva en réalité qu’un moyen de satisfaire son naturel pessimisme. Peindre la laideur, les vices, les misères, la chair triste, les cœurs pourris, les linges sales, c’était l’occasion d’exprimer son dégoût de la bassesse contemporaine. Vite il chercha à s’en évader. Comme Baudelaire, après sa moisson de « fleurs du mal », il eut ses « paradis artificiels », c’est À Rebours. Mais ceci n’était qu’une étape et, dans En Route, il raconta ensuite, nous ne voulons pas dire une conversion, mais une crise religieuse singulièrement pathétique.

Il s’agit d’un homme, las des êtres et des livres, qui se met à fréquenter les églises, les offices, se lie avec un prêtre éclairé, va passer un temps de retraite dans une abbaye de Trappistes et, confessé, communié, rendu à Dieu, rentre dans la vie et dans Paris en concluant : « Ah ! vivre, vivre à l’ombre des prières de l’humble Siméon, Seigneur ! »