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fut plus un éducateur que Hugo : « Tu aimeras ce que j’aime et qui m’aime… »

C’est Poë surtout ; puis M. Mallarmé, Verlaine ; et les poètes anglais : Shelley, Swinburne, Rosetti, et l’Américain Walt Withman, influençant quelques-uns au point que leurs poèmes, en vers libres, ont l’air de n’en être que des traductions. C’est Wagner aussi, à la suite duquel on recommence médiocrement des chevauchées, des tristesses d’Iseult, pour ne plus plagier celle d’Olympio. C’est enfin, pour ceux de la dernière heure, les chansons populaires, les contes de fées ; une affectation de fausse candeur et simplicité où toute orfèvrerie de style disparaît.

Quant à Victor Hugo, il eut trop d’action sur son temps pour en avoir sur les jours immédiats. Son œuvre a çà et là une odeur — rancie aujourd’hui — d’actualité. Il fait des odes sur Napoléon, la Colonne, telle révolution, un exil de roi, un fait divers, un incident politique. Il s’empêtre dans toutes sortes de préoccupations historiques, religieuses, sociales, étrangères à la « fonction du poète » qu’il a si faussement définie lui-même dans un poème de ce titre. Et ailleurs, dans William Shakespeare, n’énumère-t-il pas cet étrange programme qu’on croirait plutôt politique que poétique : « Amender les Codes, sonder le salaire et le chômage, prêcher