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une toilette sobre, un esprit qui semblait réservé et doux.



Plusieurs fois, Hugues la revit, conversa avec elle. Le sortilège de la ressemblance opérait… Il n’avait eu garde cependant de retourner au théâtre. Le premier soir, ç’avait été une manigance adorable de la destinée. Puisqu’elle devait être pour lui l’illusion de sa morte retrouvée, il était juste qu’elle lui apparût d’abord comme une ressuscitée, descendant d’un tombeau parmi un décor de féerie et de clair de lune.

Mais désormais il n’entendait plus se la figurer ainsi. Elle était la morte redevenue femme, ayant recommencé sa vie à l’ombre, s’habillant d’étoffes tranquilles. Pour que l’évocation fût sauve, Hugues ne voulut plus voir la danseuse qu’en toilette de ville, mieux ressemblante ainsi et toute pareille.

Maintenant il allait la visiter souvent, chaque fois qu’elle jouait, l’attendant à l’hôtel où elle descendait. D’abord il se