Page:Rodenbach - Bruges-la-Morte, Flammarion.djvu/26

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de la mettre sous verre, écrin transparent, boîte de cristal où reposait la tresse nue qu’il allait chaque jour honorer.

Pour lui, comme pour les choses silencieuses qui vivaient autour, il apparaissait que cette chevelure était liée à leur existence et qu’elle était l’âme de la maison.

Barbe, la vieille servante flamande, un peu renfrognée, mais dévouée et soigneuse, savait de quelles précautions il fallait entourer ces objets et n’en approchait qu’en tremblant. Peu communicative, elle avait les allures, avec sa robe noire et son bonnet de tulle blanc, d’une sœur tourière. D’ailleurs, elle allait souvent au Béguinage voir son unique parente, la sœur Rosalie, qui était béguine.

De ces fréquentations, de ces habitudes pieuses, elle avait gardé le silence, le glissement qu’ont les pas habitués aux dalles d’église. Et c’est pour cela, parce qu’elle ne mettait pas de bruit ou de rires autour de sa douleur, que Hugues Viane