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longtemps. Or il passait pour riche ; il était étranger et seul dans cette ville, n’y connaissant personne. Quelle folie elle allait faire de laisser échapper cet héritage qu’il lui serait si facile de capter !

Jane se rangea un peu, espaça ses sorties qu’elle rendit plausibles, ne s’aventura plus qu’avec prudence.

Une envie lui était venue d’aller un jour dans la maison de Hugues, cette vaste et antique maison du quai du Rosaire, d’apparence cossue, aux rideaux de dentelle impénétrables, tatouage de givre adhérant aux vitres, qui ne laissaient rien soupçonner de l’intérieur.

Jane aurait bien voulu pénétrer chez lui, diagnostiquer, par son luxe, sa fortune probable, soupeser son mobilier, ses argenteries, ses bijoux, tout ce qu’elle convoitait, faire un inventaire mental sur lequel elle se déciderait.

Mais Hugues n’avait jamais consenti à la recevoir.

Jane se fit câline. C’était comme un