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cence. Hugues y allait aussi avec l’espoir de se guérir, de lotionner sa rétine en fièvre à ces murs blancs. Le grand Catéchisme du Calme !

Des jardins intérieurs, ourlés de buis ; des chambres de malades, toutes lointaines, où l’on parle bas. Quelques religieuses passent, déplaçant à peine un peu de silence, comme les cygnes des canaux déplacent à peine un peu d’eau. Il flotte une odeur de linge humide, de coiffes défraîchies à la pluie, de nappes d’autel qu’on vient d’extraire d’antiques armoires.

Enfin Hugues arrivait au sanctuaire d’art où sont les uniques tableaux, où rayonne la célèbre châsse de sainte Ursule, telle qu’une petite chapelle gothique en or, déroulant, de chaque côté, sur trois panneaux, l’histoire des onze mille Vierges ; tandis que dans le métal émaillé de la toiture, en médaillons fins comme des miniatures, il y a des Anges musiciens, avec des violons couleur de leurs