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Elle avait parlé avec fermeté, rabrouant ses larmes, solidifiant sa voix.

Hans fut ébranlé. Il fallait honorer ses père et mère. Cela aussi était un commandement de Dieu. Et comment désobéir à la sienne, si noble, si bonne et si triste ?

Oh ! oui, triste ! Maintenant Mme Cadzand demeurait prostrée des journées entières, plus envahie par sa migraine, dans l’anxiété d’un avenir où son espoir luisait si pâle…

Quelle chance presque nulle y avait-il de voir avorter cette vocation religieuse qui semblait si ferme, préparée d’ailleurs par tant d’années de ferveur et d’exaltation mystique ?

La veuve songeait qu’elle avait elle-même travaillé au grand malheur qui lui arrivait. Son moyen s’était retourné contre elle. Elle s’était réjouie de la foi ardente de Hans, y voyant l’instrument de sa possession sur lui. Elle avait exaspéré sa piété, par des prières surérogatoires après les prières du collège. Elle avait cru le sauver des femmes et du péché en le vouant