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surtout un tel but pour ces jeunes gens arrivés au terme de leurs années de collège et qui allaient partir. Il leur peignit le monde où ils entreraient bientôt, ses dangers, ses voix fallacieuses, ses traîtrises, ses plaisirs au vain maquillage qui se décompose vite dans les larmes.

Puis, en regard, il montra la vie religieuse, bon refuge où les passions, et par conséquent les chagrins, n’arrivent pas, oasis de foi, archipel de paix, où Dieu attendait quelques-uns d’entre eux pour leur enseigner le service de ses autels et de ses chaires.

Tandis qu’il parlait, Hans crut qu’il le regardait, que c’était à lui surtout que ce cri de vigie s’adressait. Indécision tout à coup évaporée, brouillard de l’âme qui se dissipe ! Il lui sembla qu’un grand voile s’était soudain déchiré, que des ténèbres s’étaient décolorées en lui.

Une certitude avait lui. Sa vocation religieuse, depuis longtemps rêvée, pressentie, venait brusquement de se préciser, d’apparaître comme écrite