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Surtout que, ces jours-là, pour l’endolorir un peu plus, le mot de Hans lui revint plusieurs fois, la troublant, l’inquiétant : « J’aime surtout la Vierge parce qu’elle est femme. » Certes, il avait parlé ainsi sans savoir, le cher innocent que toute la pureté, même de l’esprit, décore encore. Mais ce mot était un signe. L’idée de la femme s’insinuait. L’enfant allait souffrir de la puberté qui s’élabore. Crise redoutable ! Peut-être que ses élans pieux, sa dévotion à la Vierge, les paroles enflammées de ses prières n’étaient que le sursaut d’un cœur et d’un sang qui veulent aimer.

Mme Cadzand songea avec effroi aux jours futurs. Ah ! si Hans pouvait ne plus grandir, rester l’adolescent ingénu ! Chaque pas qu’il faisait maintenant l’éloignait d’elle. Pourtant elle avait tant rêvé, elle rêvait encore, que son fils ne la quitterait jamais ! Puisqu’elle était veuve, seule, puisqu’elle n’avait que lui, peut-être qu’il demeurerait toujours auprès d’elle. C’est si beau, un fils qui se dévoue à sa mère !