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les ciseaux la jolie toison de Hans, tumultueuse, avec des remous de lumière, comme l’était celle de son père.

Ah ! non ! ce froid des ciseaux dans les cheveux, c’était bon pour les morts. Elle avait déjà vu couper toute une chevelure. Mais c’était à son mari mort. Or, voir tomber maintenant les cheveux de Hans, ç’aurait été comme voir mourir quelque chose de lui — car nos cheveux, c’est nous, les cheveux vivent. Ç’aurait été comme une demi-mort.

Hans craignit de contrarier sa mère ; il n’en parla plus durant un moment ; puis, comme son trousseau d’enfant de chœur était prêt et une armoire de la sacristie déjà inscrite à son nom, il récidiva, avec de si tendres inflexions de voix, une câlinerie si triste et si confiante, comme si vraiment, en s’obstinant, sa mère lui refusait le bonheur, mettait sa vie à l’ombre, l’empêchait d’entrer dans la voie où quelqu’un l’appelle !

Mme Cadzand continuait à dire non,