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mignonne main, jolie comme un bijou, il avait agrafé sa robe, et s’était mis à tournoyer, à se balancer d’un mouvement en cadence comme une rose trémière dans un grand vent. Ivresse du rythme ! Or, peu après, on le déshabilla pour le bain. Hans était nu. Mais voici que l’orgue repasse dans la rue. Il réitère un vieil air triste. Et l’enfant aussi de recommencer à danser ; et, n’ayant pas conscience qu’on l’a dévêtu, d’agrafer sa chair, cette fois, avec sa mignonne main, jolie comme un bijou, et de plisser sa candide nudité comme si c’était l’étoffe d’une robe. Ah ! la minute de ciel, l’idéal tableautin qu’elle avait pour toujours fait entrer en elle ! Et ce furent quelques fraîcheurs de pastel dans la chambre en deuil de son âme.

Maintenant Hans avait grandi. C’était un petit jeune homme déjà, pâle et sérieux. Il avait fallu songer à l’instruire. La veuve le plaça dans un collège de prêtres où, d’emblée, il conquit dans sa classe les mentions, les