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léger vagissement, à peine une éraflure dans la trame solide de son repos, c’est le père parfois qui, pour éviter à la mère de se déranger, allongeait le bras hors du lit, balançait une seconde le berceau, imprimait un léger tangage à la fragile barque qui bientôt redevenait immobile au fil du silence, ayant rendormi son petit passager.

Or, cette nuit-là, l’enfant larmoyait. Mme Cadzand avait appelé son mari, elle-même tout embrouillée dans le sommeil : « Hans pleure. Berce-le un peu… »

Le père n’avait pas répondu. Mme Cadzand, à moitié consciente, répéta : « Hans pleure ! »

Et comme son mari ne bougeait pas, elle tâtonna vers lui pour le réveiller, insister.

Oh ! qu’est-ce que sa main venait de toucher ? Quel glaçon a-t-elle touché ? Elle se lève précipitamment, sentant son mari muet, froid, immuable. Elle approche la veilleuse qui immobilisait des ombres au plafond, des taches comme on en voit à la sur-