Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.

raccourci. Hans ! le nom d’un saint de l’art et qui doit porter bonheur. On baptisa l’enfant du frais nom qui, sans cesse redit maintenant dans la demeure, par le père, la mère, la nourrice, les servantes : « Hans ! » le matin, le soir, et jusqu’en rêve, la nuit : « Hans ! Hans ! » faisait son continuel petit bruit mouillé d’un jet d’eau qui serait caché dans une chambre.

Joie de la venue d’un enfant qui est l’un et l’autre à la fois ! Miroir où les époux qui s’aiment se voient tous les deux en un seul visage. Ivresse d’une famille qui s’inaugure ! Mais tout grand bonheur est un défi, une violente lumière qui attire les papillons noirs, les mauvais sorts. Il ne faut pas qu’il y ait des hommes trop heureux. Ils décourageraient de vivre tous les autres à qui échoient seulement des heures médiocres, des joies intermittentes, des roses qu’il faut arroser avec des larmes.

Le ménage Cadzand était trop heureux. Le vieux visage noirci de la façade riait trop du rire blanc des