Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de dentelles, ce qui entourerait les membres et le sommeil du petit. Elle avait tenu à faire elle-même la layette. Il lui semblait qu’elle seule savait la taille, les dimensions exactes, puisqu’elle seule connaissait déjà le futur enfant et en voyait la mesure en elle-même. Et puis nuls doigts étrangers sur ce trousseau infantile qui toucherait à même la chair. Confectionné et manié seulement par elle, il prendrait quelque chose de la douceur de ses mains, du mouvement de son âme. Il serait comme un prolongement d’elle-même. Et ainsi, c’est encore en elle que l’enfant se croirait quand il reposerait parmi ces linges et ces langes.

Il naquit un an, jour pour jour, après le mariage de ses parents. Double anniversaire ! Et un fils, un héritier pour perpétuer ce beau nom de Cadzand, tant en honneur depuis si longtemps dans le pays. Le père du nouveau-né continuait ce nom dignement. C’était un érudit, qui s’était fait nommer archiviste de la province pour vivre parmi les chroniques, les