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noble allure, le visage glabre et basané, qui se penchait sur son cou, réchauffait son cou avec le charbon rapproché de sa bouche. Le beau couple, récemment nuptial, peut-être, et qui avait l’air de faire son voyage de noce dans le traîneau peint et bariolé comme une barque !

Les mères avaient continué à marcher ; Hans s’était arrêté, et Wilhelmine avec lui, pour regarder encore un moment la pimpante vision, l’attelage rapide qui fuyait au fil de la glace.

Ainsi les deux jeunes gens se trouvèrent seuls.

Wilhelmine dit : « Ce sont de nouveaux mariés, sans doute.

— Pourquoi ?

— Parce qu’ils ont l’air si heureux !

Hans n’avait rien répondu. Il y eut un silence. Mais Wilhelmine était décidée, comme si une voix en elle lui commandait de parler, et que l’instant fût venu qui devait venir.

Elle ajouta : « Je voudrais être à leur place ; partir aussi avec quelqu’un… »

Puis, après un effort : « Avec toi,