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qu’elle l’aimait. Maintenant il lui semblait que l’aveu ne lui en coûterait rien, et tout de suite. C’est que l’instant vient toujours qui doit venir. Les événements d’eux-mêmes se réalisent. Surtout en amour. Rosier blanc du premier amour : la fleur va tomber, et nous croyons la cueillir quand c’est elle qui s’effeuille.

C’est ainsi que Wilhelmine pouvait être à la fois très calme et très troublée, toute présente au milieu d’un unanime désarroi. Ce qui était calme et présent, c’est sa destinée inflexible qui allait se dénouer en elle et sans elle.

Tout aurait lieu selon la logique du mystère ; sinon, pourquoi cherchait-elle l’occasion d’être seule avec Hans quelques instants pour lui avouer son amour ?

Auparavant, elle s’imaginait qu’elle s’en serait ouverte à tout le monde, sauf à Hans lui-même. Maintenant elle sentait qu’elle ne pourrait parler que devant lui, et lui seul, — même pas devant sa mère qui, pourtant, sa-