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plicable aux habitants de Bruges que la vie avait été clémente pour Mme Cadzand et son fils.

Ils appartenaient à une ancienne famille ; ils possédaient un patrimoine ample. Or ils menaient une existence casanière, claustrale, humble et réduite au plus strict. Ils dépensaient leurs revenus en bonnes œuvres, en aumônes.

Qu’est-il arrivé pour qu’ils se déprennent ainsi de la vie ?

Le fils surtout se conduisait si en dehors de la règle, et de son âge ! Certes, la mère, elle, avait subi naguère un grand malheur, devenue veuve après quelques mois de mariage seulement. Mais le temps met des baumes, une force d’oubli sur cette sorte de douleur. Il congèle les plus brûlantes larmes en ce grésil de perles funéraires dont les tombes s’ornent.

Et puis Mme Cadzand avait eu la compensation de ce fils exemplaire.

Maintenant encore, il ne sortait jamais qu’avec elle. Il n’avait pas d’amis, il n’allait nulle part. Les femmes regardaient avec envie cette mère tou-