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yeux !… Qu’est-ce que cela signifie ?… Je n’ai pas la peste, que diable !

Mon père (en hésitant). — On a beaucoup parlé… de la mort… du comte Pierre…

Le colonel. — Et après ?… Est-ce parce que mon gendre s’est suicidé qu’on évite ma fille et que je ne trouve personne pour faire une partie ? Vos Pleigeans sont bien bêtes, mais pas à ce point-là ! Il y a autre chose ! Dites-moi ce qu’il y a…

Mon père. — Mon Dieu !… je viens de vous le dire : on a entouré la mort du comte de toutes sortes de commentaires…

Le colonel. — Mais, enfin… quels commentaires ?

Mon père. — Hé ! que sais-je ? Des commérages, de sottes inventions, dont il ne vaut pas la peine de parler.

Le colonel. — Si fait, il vaut la peine ! Je veux tout savoir, et je compte sur vous…

Mon père (interrompant). — Ah ! monsieur, permettez ! Vous m’avez fait l’honneur de me dire que je suis un homme. Eh bien, je vous le demande : est-il de la dignité d’un homme de rapporter des propos désobligeants et stupides ? Pour ma part, je ne sais pas de rôle plus odieux. Ne me demandez pas de le jouer.

Le colonel (plus doucement). — Vous avez raison, docteur… Oui, sans doute, vous avez raison… Et pourtant… dis-