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IV


Les mauvais propos qui couraient la ville ne pénétraient point au château, où, pendant un temps, on vécut tout à fait isolé. Quelques personnes avaient fait des visites de condoléance ; quelques autres, en moindre nombre, des visites d’amitié : celles-ci songeaient, comme on dit, à ménager la chèvre et le chou, et voulaient voir où soufflerait le vent, avant de se fâcher tout à fait avec une famille qui, suivant les circonstances, pouvait retrouver toute sa considération. Leur nombre alla décroissant, à mesure que s’étendaient les rumeurs. On ne s’en froissa pas. On se contenta de conclure :

— Nos amis se lassent un peu.

Telle est l’humaine indifférence, que cet abandon où tombent vite les malheureux paraît légitime à ceux-là mêmes qui en souffrent.

Du reste, les bons observateurs, dont les yeux restaient braqués sur le château, remarquèrent bientôt que, si les amis de