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plie d’insectes, scarabées et papillons, piqués à de longues épingles. Je m’écriai :

— Tu es donc devenu collectionneur ?

— Mon Dieu, oui : on s’amuse comme on peut, n’est-ce pas ?

— Aux dépens de ces innocentes bestioles ?

— Cela me distrait, entre mes visites et mes consultations. Mais je chasse autre chose aussi. L’on trouve des vieilleries, dans ce pays. Qu’en dis-tu ?

Il me montrait, disposée sur un espèce d’écusson recouvert de velours rouge, une collection de clefs antiques, dont quelques-unes me parurent d’un travail intéressant. Il me fit admirer aussi, dans une sorte de cadre, une série de montres, spécimens curieux de la vieille horlogerie du pays. Puis des armes et des meubles, parmi lesquels je remarquai un merveilleux bahut en marqueterie hollandaise du xviie siècle, et des chaises paysannes dont la grossièreté avait je ne sais quel grand air d’art naïf et juste.

— Où as-tu trouvé tous ces objets ? lui demandai-je.

— Un peu partout : chez des paysans, chez des antiquaires, chez des marchands de bric-à-brac. Tu sais que les collectionneurs ont un flair particulier qui guide leurs recherches. Le mien n’est pas mauvais. Et tu n’as pas tout vu !