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nore dut de nouveau quitter le château, qui fut mis en adjudication. Et les événements dont il avait été le théâtre changèrent de caractère en reculant dans le passé.

D’abord, le voile qui les avait enveloppés se dissipa peu à peu : le jour se fit sur le mystérieux suicide de M. des Pleiges, cause première des malheurs des siens. Le désarroi dans lequel on trouva ses affaires, désarroi qui remontait au comte Anthony, l’expliqua en partie. De plus, on sut que, peu de temps après son mariage, il avait ressenti les premiers symptômes de cette maladie terrible, fatale et héréditaire, qu’on appelle vulgairement le haut mal. Il avait fait jurer à mon père de n’en pas révéler le secret, par crainte d’inquiéter l’avenir de son fils. Pendant plusieurs années, il lutta contre le mal ; puis, quand les attaques se rapprochèrent, il prit la résolution désespérée que tu sais, et l’exécuta dans le remords et la douleur. Sa fin coupable, que les siens devaient expier si cruellement, était donc dans sa pensée un acte de dévouement suprême, accompli pour eux. Je crois qu’il s’était ouvert de son sinistre projet à M. Marian. Je crois aussi que la comtesse connut plus tard la cause de sa mort et porta le poids de l’angoissant secret qu’elle recélait. En tout cas, il apparut aux plus malveillants qu’il n’y avait jamais rien eu de fondé