Page:Rod - L’Innocente, 1897.djvu/174

Cette page a été validée par deux contributeurs.


X


Cependant le mouvement que la maladie d’Anthony avait produit dans l’opinion, allait s’accentuant. Les plus intraitables s’adoucirent jusqu’à laisser tomber des paroles de pitié. Il y eut des conciliabules où l’on discuta la conduite à tenir. Quelques personnes osèrent déposer leurs cartes au château, d’autres envoyèrent des fleurs, parmi lesquelles on remarqua la belle couronne des élèves du lycée : car de tout temps les hommes se sont plu à couronner leurs victimes. La ville entière suivit le convoi. Oui, mon cher ami, ils voulurent tous prendre leur rang derrière le petit cercueil, si léger aux bras des fossoyeurs, ces bourreaux inconscients dont chacun avait lancé sa pierre ; depuis les anciens amis, premiers inventeurs de la légende meurtrière, — Mme d’Ormoise, la famille Lesdiguettes au grand complet, Me Féréday et tutti quanti, — jusqu’aux anonymes, jusqu’aux inconnus dont la malveillance, moins effi-