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Noël, qui tomba pendant cette lugubre période, m’apporta ses présents accoutumés, que je reçus sans plaisir : il manquait celui de ma marraine. Tout en dénouant tristement les ficelles roses de mes paquets blancs, je me sentais comme entouré d’images de mort, de je ne sais quelle atmosphère où vibraient des bruits étouffés de sanglots. Comme d’habitude, ma mère avait préparé le dîner traditionnel : l’oie rôtie aux marrons, le vacherin à la crème. Mais mon père fit avertir qu’il ne viendrait pas, ne pouvant quitter le château ; en sorte que nous dînâmes en tête en tête, ma mère et moi, sans appétit, presque sans rien nous dire.

Ce fut le lendemain, vers midi, que mon père nous apporta la fatale nouvelle.