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mal… Jamais !… Il était très bon… Il fallait le laisser tranquille !…

Frédéric Lambert ne protestait plus ; mais il voulut s’excuser.

— Tu comprends, dit-il, nous ne savions pas… Ah ! si nous avions su…

Et il me quitta, sur ces paroles de regret.

Je ne les attendais pas. Mais je m’aperçus bientôt que le sentiment qu’elles exprimaient était celui de toute la ville. Car les personnes les plus hostiles venaient aux informations chez ma mère et, cette fois, sans méchanceté, avec des airs honteux ou sincèrement inquiets : Mlle Éléonore, qui se désolait de n’oser retourner au château, Mme d’Ormoise, d’autres encore que je n’ai pas eu l’occasion de te nommer. Elles s’apitoyaient, elles se désolaient, elles répétaient :

— Pauvre petit !

Ou :

— Pauvre femme !

Chacune d’elles demandait avec sympathie :

— Est-ce que le docteur n’a vraiment plus d’espoir ?

Ma mère leur répondait :

— Oh ! bien peu.

Alors elles se désolaient. Cela m’étonnait beaucoup. Je ne savais pas que les hommes veulent bien faire le mal, mais qu’aussitôt qu’ils l’ont fait, ils s’en étonnent et le regrettent. C’est le seul indice qui