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VIII


Vers ce temps-là, pour des raisons que j’ignore, miss Jenny nous quitta. Elle ne fut pas remplacée, et cette embarrassante question se posa : que faire d’Anthony ? Impossible de l’envoyer à l’école de la ville ; il eût été massacré. Pourtant, il approchait de sa douzième année : il fallait l’instruire. Sa mère se mit au travail avec lui : tâche difficile et charmante, qu’allégeait l’intelligence de mon petit camarade, son application, sa curiosité de savoir. Mais je n’avais plus accès aux leçons. Anthony, que je voyais plus rarement, me les racontait, et j’avais la vision d’un monde nouveau, mille fois plus intéressant que celui où m’introduisait l’école. En ville, cependant, ces leçons maternelles constituaient un nouvel objet de reproches et de plaisanteries. On en escomptait le résultat probable.

« Que peut-elle lui enseigner ? Que sait-elle ? »

Jamais les Pleigeans n’auraient soup-