— C’est bien fait !
Je rentrai fort agité à la maison, où je fis à mes parents le récit tout haletant de l’aventure. Ma mère écoutait, en secouant sa tête inquiète ; mais mon père m’embrassa :
— Tu es un brave garçon, me dit-il, tu as bien fait. Tes camarades se sont conduits lâchement. Il faut toujours défendre les faibles.
J’aurais voulu lui poser mille questions, que je me posais vainement à moi-même. Je demandai :
— Pourquoi donc en veulent-ils tant à Anthony et à ma marraine ?
Mon père leva les bras :
— Ah ! pourquoi ? fit-il, pourquoi ? Les hommes ne savent pas, une fois sur dix, le pourquoi de leurs sentiments et de leurs actes. Veux-tu donc que des enfants soient plus habiles ?
Je dis :
— Ils sont méchants !
Et mon père :
— C’est peut-être bien la vraie explication.
Mais ma mère conclut :
— Sûrement, cela finira mal.
En sorte que mon imagination, frappée, demeura inquiète, à se demander comment « cela » finirait, quelle catastrophe il y aurait au bout de ce drame dont j’ignorais la nature et qui ne se révélait à moi qu’à