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tout à coup le boulevard Rochechouart, près de l’Élysée-Montmartre. Goujet se marie ; Mes-Bottes vient se promener en gilet blanc dans la rue, pour prendre l’air sans doute ; Virginie, en toilette fort élégante, passe au bras de Lantier ; Poisson épie son épouse infidèle et se prépare à la punir d’un coup de poignard… Une pauvre femme, en cheveux blancs, se traîne contre les murs et implore la pitié de tous nos héros qui passent l’un après l’autre. Goujet la reconnaît, et l’on apprend avec stupéfaction que cette malheureuse est Gervaise ! Elle tombe d’inanition, littéralement morte de faim. Alors Bazouge, dit Bibi-la-Gaîté, qui rôde dans le quartier dans son uniforme de croque-mort, arrive, se penche sur elle et lui dit mélancoliquement : « Fais dodo, ma belle ! tu l’as bien mérité. »

Ce dernier tableau est désespérant et nous rejette dans les plus vieux mélodrames. À la première, il a risqué de compromettre le succès de la pièce. À ce qu’il nous semble, il n’a pas même l’excuse d’être nécessaire : la mort de Coupeau serait une conclusion suffisante.