Page:Rod - À propos de l’Assommoir, 1879.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ils ont eu tort : la chute lente de Coupeau, l’action destructive de Lantier, la lutte de Gervaise auraient largement suffi à rendre l’intrigue intéressante. Grâce à leur combinaison, tout le mal vient de Virginie, qui guette sans cesse sa proie, qui ne manque aucune occasion de la pousser à sa perte. Dans le roman, au contraire, les faits s’engendrent les uns les autres, avec une logique inévitable et terrible ; le mal amène le mal ; du premier verre, résulte le second ; de l’ivrognerie qui engloutit tous les bons instincts, résulte l’abrutissement complet du buveur. Cette suite est si rigoureuse, qu’elle semble fatale ; malgré cela, Coupeau et Gervaise restent d’un bout à l’autre responsables de leurs actions ; le point auquel ils pourraient s’arrêter et ne s’arrêtent pas, par lâcheté, est soigneusement marqué ; et là est toute la morale de l’œuvre. Ce procédé est propre à M. Émile Zola, et se retrouve dans tous ses romans. Il est intéressant de le comparer à celui d’autres romanciers, de G. Sand, par exemple. Quand l’auteur de Valentine, dans ses plaidoyers contre