Le premier tableau, — le plus naturaliste de tous, — fut bien accueilli ; au lieu des sifflets que l’on attendait, les applaudissements éclatèrent de tous les côtés, et la soirée fut un triomphe.
Les interprètes de l’œuvre peuvent en prendre une bonne part. — Gil Naza s’est surpassé : tour à tour bonhomme et grand tragédien, il n’a reculé devant aucun effet de réalisme ; il a pourtant su faire accepter du public la scène terrible du délirium. — Madame Hélène Petit s’est véritablement révélée. On ne peut accorder trop d’éloges à la manière dont elle a composé et joué son rôle. Il faut être sérieusement artiste, pour sacrifier au désir d’être vraie, comme elle l’a fait, toute coquetterie. Peu d’actrices auraient consenti à porter de pauvres robes malfaites, des manchettes de laine rouge et des haillons, — non pas poétiques comme ceux de Mignon, — mais criant la misère et demandant la charité. La sympathie que le public lui a témoignée l’a récompensée de son dévouement : elle la méritait bien.