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buleux les quelques billets dont elles disposaient ; on cherchait à s’engager dans la claque, à se glisser parmi les comparses.

Quoique la direction de l’Ambigu ait fait annoncer que les bureaux ne seraient pas ouverts le soir de la représentation, deux ou trois cents personnes stationnaient longtemps à l’avance sur les marches du théâtre. Dans le caveau, on s’arrachait les billets de la claque ; dehors, les marchands de billets, furieux de n’avoir rien à vendre, se multipliaient, déployaient toute leur adresse pour se procurer des entrées.

Quand le spectacle eut commencé, les moins patients se retirèrent enfin, l’oreille basse. Une cinquantaine de têtus restèrent maîtres du champ de bataille : ils étaient seuls à regarder les portes fermées pour eux ; après le premier tableau, les marchands de billets offraient, pour vingt francs, des sorties des jours précédents. Mais l’Administration était sur ses gardes, et cette supercherie ne réussit pas. Vers neuf heures, les plus acharnés comprirent qu’ils poursuivaient une chimère, et se décidèrent