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eut, si je ne me trompe, sept représentations ; critiques et reporters tapèrent à l’envi sur l’œuvre nouvelle. On ne se contenta pas de calomnier la pièce, on alla presque jusqu’à insulter l’auteur. Le résultat de tout ce tapage fut que le public apprit à connaître le nom de M. Zola, et lut ses romans ; sans compter que, pour pouvoir plus à l’aise éreinter le dramaturge, on commença à mettre en relief le talent du romancier.

Enfin parut L’Assommoir ; ce livre étrange excita toutes les haines. Il se trouva des journalistes pour le dénoncer comme une œuvre immorale, fétide, malsaine. Bien des gens auraient désiré le rétablissement de l’Inquisition, pour qu’on pût brûler l’œuvre et son auteur. On se contenta, ne pouvant faire plus, de lui jeter à la face toute la boue dans laquelle marchaient ses personnages ; on aurait voulu l’ensevelir dans l’ignominie, confondre sa personnalité avec celle des scélérats qu’il dépeint, lui prêter les vices qu’il décrit, — sans vouloir remarquer la puissance d’indignation qui perce à chaque ligne.