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LES ŒVVRES

Dialogue de la Pauureté & la Faim.


IOuy dire l’autre iour que Iupiter faiſoit vn bancquet aux nopces d’vne Nymphe qu’il a d’autre fois aimee, & biẽ que ie n’y euſſe pas eſté conuiée ſi me mis-je en chemin pour y aller pẽſant que ie trouuerois aux dernieres tables quelque lieu pour te renger, Faim mamie. F. À quoy tint il dõc que vous ne m’appellaſtes pour vous y accompagner ? P. Ie vouloy ſçauoir quel il y faiſoit premierement, craignant de t’y mener en vain. F. Comment fuſtes vous receuë ? P. Helas le plus mal du monde, tout auſſi toſt que ces Dieux & Deeſſes m’aperceurent, ils commencerent à fuyr ſerrant leurs ioyaux : Iupiter cacha ſon ſceptre Venus ſa ceinture, Mercure ſes Talõnières, Apollő ſa Harpe, & Amour ſes traits : diſans tous que Pauureté eſtoit mal ſeure. F. Et quoy ? Amour vous craint il, ſçait il pas bien que vous eſtes ſa mere ? P. Ha mamie il feint de ne le ſçauoir pas, il fut le premier à dire en me chaſſãt que ie troubloy toute la feſte, & que ſa fille Volupté ſeroit contrainte de ſ’enfuir ſi ie demeuroy lõgtemps là, pource qu’elle & moy ne pouuons nous accorder enſemble. P. Amour ne vouloit pas que vous fuſſiez reconnue pour ſa