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DE M. DES ROCHES.

ne me reprocherois tu mes fautes, ſi tu ne les pouvois connoiſtre quand meſme tu me reproches ce que ie fay de bien ? Or dy moy ſ’il te plaiſt, qui t’aporteroit la leine, la ſoye, & l’or ſi je ne te l’allois querir ? La M. Qui rendroit l’or clair & pur ſinon moy, qui ſuis maiſtreſſe des arts ? Le P. Dy que tu en es ſeruãte, afin de parler plus ſeurement : car l’eſprit les inuente, & te commãde de les executer comme il luy plaiſt. Ainſi tu ne fais rien que par obeiſſance, tes actions ne ſont point guidees par diſcretion ny par raiſon qui ſoit en toy. La M. Et que ſçais-tu que c’eſt de raiſon toy qui es tant eſloigné d’elle, je croy que nature voyant combien tu luy eſtois contraire, la voulut rãger en l’vne des extremitez du corps, & toy à l’autre. Le P. Ce fut pour t’en priver du tout, tu as bien ouy dire comment les ardens raiz du soleil eſchauffent la terre quand il eſt vis à vis du Cancre ou du Lyon : cependant toutes les froideurs ſe retirent en la moyenne regiõ de l’air, ainſi la raiſon qui eſt le ſoleil de l’homme demeurant au Ciel de ſon cerueau, eſclaire tous mes effects, & toutes les folies ſe retirent en toy ou apres de toy : Quel pié, hormis celuy de Philoctete, feit jamais perdre la vie à ſon maiſtre ? où il ſ’eſt trouvé mille mains qui ont faict perdre mille vies à mille hommes, & beaucoup d’autres fuſſent peris par la faute de leurs mains ſi ma diligence ne les euſt ſauuez. Pource doncques