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LES ŒVVRES

En eſprouuant touſiours ſes diuers changemens,
Mais ceux que le plaiſir, douce ame de la vie,
Entretient & cheriſt me rendent plus haie
Refuſant d’obeyr à mes commandemens.

Iev. Maintenant que la vieilleſſe eſt abſente de moy, & qu’elle ne peut me reprendre d’aucune choſe que ie die, ie veux conter à ces Dames quelque ſecret que i’ay apris d’elle : mais toutesfois on dira que ie ſuis vne grande babillarde qui tire les propos des vns pour les redire aux autres, ie penſe que ie feray mieux de ne le dire point qu’a moy : doncques ie proteſte de le celer à tous ſ’il m’eſt poſſible, fors qu’à ma penſee.

Ie ne l’ay dit qu’à moy, & ſi ie me deffie
Que moy meſme vers moy face tour d’ennemie
Declarant vn ſecret que i’ay pris ſur ma foy :
Ie ne le diray pas, mais le pouray-ie taire ?
Doncques ie le diray : mais ſe peut il bien faire
Que ie vueille trahir mon penſer & moy ?

Or ſus ie le diray, non feray ha ie penſe
Que ne le diſant point ie perdray patience,
Si ie le dy auſſi, i’y auray grand regret :
Si ie ne le dy point, ie ſeray en grand peine :
Mais quoy ? ſi ie le dy ie ſuis toute certaine
De ne pouuoir iamais rappeller mon ſecret.