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LES ŒVVRES

premieres puiſſances de l’ame, la rẽdit deſireuſe de rechercher le ſouuerain Dieu, en qui demeure la vraye ſapience : depuis ceſte ame eſtãt r’emplie d’vne infinité de belles conceptions les enfanta heureuſement par la bouche : mais Adieu bonne femme, ie m’en vois, ceſt trop demeuré en vn lieu. Vieil. Ecoutez vn peu ſ’il vo’plaiſt. Iev. Ie ne puis. Ô la belle troupe de filles que voila ie me vay ranger entr’elles. Vieil. C’eſt vne choſe eſtrange de voir que tout le mode me fuit ainſi pour ſuiure la ieuneſſe, meſme ceux qui ne l’ont pas en eux, la cherchent en autruy encores qu’elle les fuye : ils n’ont point ſouuenance de ce qui eſt dict par le Sage, Que trop mieux vaut le chien viuant que le lyon mort, ieuneſſe eſt morte pour eux, ils ne la ſçauroient iamais recouurer, & moy ie ſeray touſiours viue pour les conduire entre les mains de la Parque. Or ce-pendant que mon aduerſaire eſt careſſee de toutes ces belles Dames, ie m’en vay cacher en quelque lieu ſolitaire, attendant que ce ſoit à mõ tour d’ẽ receuoir les faueurs, ie voy là vne Egliſe où il ne paroiſt aucũ, il vaut mieux que ie m’y range pour dire mes oraiſons ſans crainte que perſonne m’y vienne chercher, veu ma laideur horrible, dont ie veux deſcrire quelque choſe pendant qu’il m’en ſouuient, pource que bien ſouuent, i’oublie de me connoiſtre.