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LES ŒVVRES

ger tirant profit de leur cenſure : ſi quelques vns en iugent ſans aduis & diſcretion, ie penſerois eſtre ſans diſcretion & aduis de m’arreſter à leur iugement. Ils diront peut eſtre que ie ne deuois pas eſcrire d’amour, que ſi ie ſuis amoureuſe il ne faut pas le dire, que ſi ie ne ſuis telle il ne faut pas le feindre : ie leur reſpondray à cela, que ie ne le ſuis, ny ne feins de l’eſtre : car i’eſcry ce que i’ay penſé, & non pas ce que iay veu en Syncero, lequel ie ne connoy que par imagination. Mais cõme il eſt aduenu à quelques grands perſonnages de repreſenter vn Roy parfaict, vn parfaict orateur, vn parfaict courtiſan, ainſi ai-je voulu former vn parfaict amoureux : & ſi l’on dit que pour auoir pris exemple de tãt d’excellens hommes, ie les ay mal enſuyuis, ie diray auſſi que les Roys eſtant perſonnes publiques, doiuent par leurs vertus eſtre l’ornement de leurs peuples, que les orateurs & courtiſans ayant à paroiſtre deuant les grands ont beſoing de ſe pouruoir de toutes perfections qui les facent remerquer des ſages & du vulgaire : mais Syncero ne veut plaire qu’à ſa dame ſeulement, que i’ay formee à ſon patron le plus qu’il m’a eſté poſſible, imitant noſtre grand Dieu, lequel apres qu’il eut creé le pere Adam, luy donna vne femme ſemblable à luy. Beaucoup diront volõtiers que ie ne deuoy point eſcrire de quelque ſuject que ce ſoit, meſme en ce temps que