Page:Roches - Oeuvres.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
49
DE M. DES ROCHES.

Tu viſitas Minos, Æaque, & Radamenthe,
Puis ayant ſur le front la merque de l’Aigneau,
Suiuois le trac batu du bien-heureux troupeau,
Lors que les gais eſprits du beau champ Eliſee,
Voyant monter au Ciel vne ame tant priſee
Afferment n’auoir veu en terre ton pareil
Et ſi ont viſité l’un & l’autre ſoleil.
Voicy Dece, Cocles, Camille, les Sceuoles
Qui deſirent te voir, mais ſoudain tu t’en voles
Au cloiſtre ſupernel, trauerſant le ſeiour
Du diſert fils de Maye & du pere du tour.
Quand le grand Roy Henry te veit au ſainct repaire
Il apella ſoudain le Mareſchal ton pere :
Ie croy, dit-il (Briſſac) que vous n’ignorez pas
De l’Achille François le bien-heureux trespas,
Il eſt mort ieune d’ans : mais quoy ? ſa renommee
A bien plus d’une Leuctre ou d’une Mantinee
À peine ſon beau teint ſornoit de la Toiſon
Qui renomme Cholcos en l’honneur de Iaſon,
Qu’il eut de cent Lauriers la teſte enuironnee
Et de Meurthe cent fois dignement couronnee.
Lors ton pere voyant ſon cher & doux ſouci
Serena ſes beaux yeux le frond, & le ſourcil
Diſant, ô mon enfant, ô bonne nourriture,
Mon travail, mon deſir, ma gracieuſe cure !
Ô mon fils bien aymé le ſeigneur a permis
Que nous vaincrons par toy noz plus grands ennemis
Tu eſtois Couronnel ſur les bandes Françoiſes
Qui ont plante le lys aux terres Piedmontoiſes