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LES ŒVVRES

Qui craignans de Minos le iugement ſupreme
Ont appellé Typhœe, Anthee, & Polypheme,
Diſant nous auons bien oſté le ſceptre aux Rois,
Abrogez leurs edicts, leurs polices, & lois,
Allons prendre les Cieux, noz forces bien vnies
Pourront en raporter des gloires infinies :
Si la terre ha en ſoy maints animaux diuers,
Les Cieux en ſont trop plus parez, pleins & couuers.
Le Ciel montre en ce lieu vne claire ouuerture
Par où l’eſprit ſe range à la vie future,
Quand il doit prendre un corps du plus bas element
Ou receuoir au Ciel ſon dernier iugement.
Ia deſia ces mutins vouloient venir aux priſes
Lors que l’Ange Michel connut leurs entrepriſes.
Michel (ô grand Briſſac) te voit tenir le lieu,
D’vn Iudas Machabee entre le peuple Hebrieu,
Il ſcauoit bien que Dieu par ſa diuine grace,
(Ô Comte ſans pareil) te gardoit une place
Entre les bien-heureux & plus dignes eſprits,
Que le ſainct Ange guide au celeſte pourpris :
Les ſiecles ſont preſens, les temps & les annees,
Les ſaiſons, & les mois, iours, heures, deſtinees,
Dans l’eſprit de Michel : il voit qu’il eſt ſaiſon
Que tu laiſſes du corps la gentille priſon,
Que Dieu redemandoit ton ame tant exquiſe
Et les ſept Gouuerneurs la luy auoient requiſe :
Tu portas en mourant Trophees infinis
Comme eſtant des Guerriers la perle & le Phenis,
Paſſant de l’Acheron la ſource violente.