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LES ŒVVRES

Ô Dieu qui ſouſtiendra d’vne pareille main
Les trois diuines fleurs & le ſiege Romain,
Qui reduira en paix la rebelle contree,
Qui nous r’apellera la ſaincte vierge Aſtree,
Qui rendra au pays la douce liberté,
Ô gracieux ſeiour d’honneur, & de bonté,
De prudence, valeur, ſageſſe, & courtoiſie,
Ores tu as au Ciel ta demeure choiſie,
La France auoit en toy l’eſpoir de ſon repos.
Mais las venue de toy ell’eſt en vn Cahos :
Nous ne regrettons pas que l’ame bien heuree
Ioüiſſe du repos d’eternelle duree :
Nous plaignons ſeulement noſtre condition,
Ne voyant plus icy ta grand perfection,
Le ſoldat ne voit plus cette main liberale,
Main qui eſtoit l’appuy de la grandeur Royale,
Il n’oit plus ta hardie & gaillarde façon,
Ny de ta claire voix l’inimitable ſon,
Voix, dont on ne pourroit raconter la loüange :
Ce n’eſtoit pas la voix d’vn homme, mais d’vn Anges
Ô que tu as laiſſé noſtre camp languiſſant,
Ô combien par ta mort le mutin eſt puiſſant !
La ioye de ſon cœur par ſignes deſcouuerte
Nous faict voir & ſentir l’ineſtimable perte
De ta grande valeur : las faut-il qu’vn pandard,
Vn profane poltron, vn indigne ſoudard,
Ait bleſſé ton beau chef d’vne playe mortelle
Arroſant de ton ſang le dur ſein de Cybelle !
Ah petit Muſſidan ingrat, traiſtre, & mutin,