Mon ame deuant Dieu maintenant ſe repoſe,
Et mon corps en ce lieu attend le dernier iour.
Mon corps n’est pas tout ſeul ſouz ceſte froide tombe
Le cœur de ma compaigne y giſt auec le mien,
Iamais de ſon eſprit noſtre amitié ne tombe,
La mort ne trenche point vn ſi ferme lien.
Ô Dieu, dont la vertu dedans le Ciel encloſe
Encloſt meſme le Ciel, vueillez que ma moitié
Toutes ſes actions heureusement diſpoſe,
Honorant pour iamais noſtre ſaincte amitié.
Épitaphe de feu monſieur le Comte de Briſſac.
France que tu es es perdue & dolente !
Ô tragiques regrets, ô peine violente !
Il faut ores, il faut pleurer amerement,
Il nous faut lamenter inconſolablement.
Nous perdons au befſin cette viue lumiere
Dont la clarte merite vne Illiade entiere.
Las faut il que la mort triomphe à cette fois
D’amour, de pieté, de proueſſe, & de foy !
Lacheſis luy filoit vne ſi belle vie,
Que ſa cruelle ſœur luy a porté enuie
Fauchant en ſa verdeur cet illuſtre ſeigneur,
Qui eſtoit des François l’honneur, & le bonheur,
La Palme, le Laurier, le triomphe, & la gloire,
Que les ſiecles voirront ſacrez à la memoire.